Si à New-York ou Paris, les filles ont toujours une paire de baskets dans leur sac pour remplacer leurs escarpins, toi, à Lorient, tu as toujours un paréo dans la boîte à gants. Nous à Lorient, l’afterwork, c’est à la plage que ça se passe : des « kilomètres de terrasses » où il y a toujours de la place. Le plus dur c’est juste de choisir. Rochers ou blockhaus ? Sable ou ponton ? Dune ou quai ? Vagues ou mer calme ? Vue panoramique ou crique ?
Un texto de Marie-Jo ? Tu attrapes une bouteille dans le frigo et tu glisses un paquet de chips dans ton sac pour filer à Toulhars. Un mail de Géraldine dans l’après-midi ? Tu t’arrêtes à la supérette à côté du boulot, tu arrives à Locqueltas, tu t’aperçois que tu n’as pas de tire-bouchon, tu fais preuve d’ingéniosité. Peut-être.
Tania descend du train et tu l’embarques pour un rendez-vous surprise sur la cale de Kerroc’h avec une vraie table, des chaises en velours rouge, une nappe brodée, des chandeliers et des flûtes à champagne. Étoiles dans les yeux garanties.
Vin bio, tartinades et sujets du bac. Deux heures montre en main avec Etienne et Véro, installés sur les chaises longues de la Cité de la Voile. La vue sur l’eau, ça active les neurones.
Roselyne ne jure plus que par le microbiote, tu soignes la présentation : nappes fleuries, gobelets colorés, panier en osier et préparations veggies, chips de chou kale et pois-chiches grillés.
Gaëlle bosse ce week-end, tu passes au marché de Merville, huîtres et crevettes, un coup de vélo et on se retrouve sur les pontons de la Base à Lorient avant de retourner au bureau.
Plafond bas et ciel tout gris à Guidel ? Un thé et un carrot cake dans le camion de Christelle, qui fait du crochet en surveillant ses enfants en train de surfer. Tu laisses la porte ouverte, histoire de dire que tu te seras aérée.
Marie aime les docks de nuit et les ambiances bizarres, on se cale derrière un blockhaus avec une bouteille de chouchen et des couvertures.
Avec Véronique, tu regardes le soleil se coucher sur la rade depuis Locmiquélic, les mains sur une tasse d’infusion d’hibiscus. Rien d’autre.
Il t’est même arrivé de squatter une – vraie – terrasse de café (fermée) et de l’aménager avec des nappes, des bouquets et des ballons pour un anniversaire. Parfois tu oublieras de te baigner, parfois la pluie te surprendra, parfois ça ne dure qu’une demi-heure, parfois toute la nuit. Parfois il y a des enfants, parfois il y a nos amoureux, toujours il y a des rires, et des yeux dans le bleu. Ça s’appelle la liberté.
ISABELLE NIVET
